La classe virtuelle, modalité pédagogique largement utilisée dans le télétravail, prend le pas sur les autres modalités de formation en s’enrichissant de tout un ensemble d’activités qu'on voit mal s'exercer sur un écran de petite taille : le Mobile Learning est-il en train de découvrir ses limites ?
Les ventes d’ordinateurs de bureau ont bondi de 13,1% entre 2020 et 2019 (source : IDC) ; mieux encore : la croissance est de 26,1% pour le 3ème trimestre d’une année sur l’autre, IDC mentionnant au passage qu’une telle performance ne s’était pas produite depuis 10 ans.
Cette augmentation est sans doute due en partie au fort développement du télétravail qui a poussé les particuliers à s’équiper (parfois avec l’aide (sinon le financement intégral) de leur entreprise) de machines permettant de travailler de façon intensive / connectée / collaborative… et d’utiliser massivement Zoom, Teams ou autres pour se former en « live » à distance.
La « workplace » qui mobilise la réflexion des entreprises (Directions de la transformation digitale, IT, DRH, métiers…) depuis plusieurs années doit prendre en compte ce fait durable : dorénavant, l’ordinateur du domicile est partie intégrante d’une poste de travail (que je qualifierai d’étendu). Ce poste doit être plus musclé que jamais, car il utilise la vidéo et la Visio massivement, plus qu’elles ne l’étaient jusque-là aux postes individuels en entreprise, a fortiori dans les open space.
La plupart du temps, directions formation et IT se sont assurées que les collaborateurs disposaient des codes et compétences nécessaires à retrouver leur niveau de productivité dans ce nouvel environnement numérique. Si elle s'est révélée utile, il faut dépasser la résolution courtermiste de ces problèmes. La formation doit aider les collaborateurs à tirer tout le potentiel du nouveau poste de travail étendu, ; notamment, les classes virtuelles doivent se professionnaliser au moment où elles passent "à l’échelle" (elles se généralisent avec la montée en puissance durable du télétravail).
La généralisation de cette modalité de formation n’est pas la seule surprise inscrite dans les changements en cours. En particulier, on peut se demander si le Mobile Learning n’est pas inéluctablement conduit à une grande révision. Approche longtemps vantée pour former tous les nomades (commerciaux, techniciens sur le terrain, etc.), que devient-il quand le nomadisme s’effondre ? Que devient-il au moment où les trajets domicile-bureau-domicile (censés être, au moins en théorie, des moments privilégiés pour se former) se réduisent fortement. Le domicile, on le comprend, n’est pas un lieu où le Mobile Learning pourra se refaire une santé : il n’est pas de taille à lutter avec le nouveau poste de travail étendu. Plus problématique, il n’est pas sûr que le smartphone puisse donner longtemps encore le ton en matière d’usage du digital appliqué à la formation, dans la mesure où la classe virtuelle, nouveau format clé, prend le pas et s’enrichit de tout un ensemble d’activités qui supposent un écran d’au moins 13 pouces pour s’y retrouver.
Il faudra suivre de près comment les éditeurs de solutions Mobile Learning relèvent le gant.
Michel Diaz
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